11 au 26 octobre 2018
Ces deux dernières semaines, j’ai alterné entre moments de repos / visite et moments de « travail ».
Ghislain m’a d’abord fait visiter la péninsule acadienne (voir l’article Tracadie) ainsi que sa ville en me racontant l’histoire des entreprises locales et de l’économie canadienne. La visite passe forcément par la brasserie locale, première fois de ma vie que je suis saoule avec du cidre de citrouille (oui oui sans blague. Produit spécialement pour Halloween). Nous avons aussi profité d’une belle journée ensoleillée pour explorer les cascades des environs, encore sous les couleurs de l’automne.
On dirait pas comme ça, mais les cascades ça se mérite ! Coulisses de ces magnifiques endroits…
Ghislain m’a aussi présentée à ses amis, sa famille et ses collègues de travail. Ils ont TOUS été tellement adorables avec moi, l’hospitalité des acadiens n’est pas une légende ! Alors un gros merci à Alain, Sonia, Sisi, Martin, Adam, Anne et son mari, Dominique, Martine, Véronique, Vanessa, les parents de Ghislain, son frère et tous ceux que j’oublie pour leur accueil, leur curiosité vis à vis de mon voyage et leurs rires à l’évocation des différences France-Canada et de ma tête face à leur accent (au bout de 2 semaines ça va mieux mais c’est pas encore ça).
Depuis le Tazza Caffe, le lieu de travail de Ghislain où j’ai pu siroter un chocolat chaud, face à LA plus belle vue de Tracadie !
Les découvertes culinaires furent aussi nombreuses durant mon passage à Tracadie ; première rencontre avec le pâté chinois et les nachos pour ne citer qu’eux.
Les moments de « travail » étaient surtout composés de ponçage, ponçage et des fois un peu de… ponçage ! Ghislain a une maison historique avec des vieilles boiseries, il voulait remettre à l’état naturel le parquet d’une de ses chambres. C’est maintenant chose faite (après de nombreuses heures de ponçage, de courbatures dans les épaules / cuisses / fessiers (insoupçonnée comme activité physique le ponçage !) et des kg de poussière avalés).
Mes autres tâches consistaient à faire le ménage (vu que je mettais de la poussière partout), accompagner Ghislain aux courses, faire à manger, la vaisselle, remplir les granules du chauffage, etc… Ghislain s’étant blessé lors de notre virée aux cascades, toutes les opérations « à deux mains » m’étaient destinées. Je devais aussi faire en sorte que tout soit en ordre quand des voyageurs louaient une des chambres via Air Bnb. J’ai donc eu la chance de rencontrer Jean-Marc, un parisien installé à la Réunion qui partait pour 2 ans de voyage en Amérique et Hélène une cordonnière française de retour au Canada, pays qui l’avait déjà accueillie en PVT il y a 8 ans.
Pour notre dernière journée ensemble nous sommes allés visiter le musée des lépreux de Tracadie (à 200m de la maison, Ghislain ne l’avait jamais visité !!!). Réjouissant n’est ce pas ? Petite surprise ; la neige s’est invitée pour me dire au-revoir :).
On dit que la lèpre s’est propagée à cause de navigateurs européens recueillis par des acadiens et que la première victime était une habitante de Tracadie. Ne sachant comme endiguer la pathologie et pensant qu’elle était très contagieuse, les malades ont été parqués à partir de 1842 sur l’Île-aux-becs-scie, à quelques kilomètres de Tracadie, pour ensuite être enfermés au lazaret de la ville à partir de 1849. Tout d’abord recueillis dans des conditions atroces, sans soins ni humanité, l’arrivée de religieuses de Montréal fût leur salut. Amenées à se porter volontaires pour s’occuper de ces malheureux, les 72 soeurs du couvent de Montréal, pleine de dévotion, se proposèrent pour aller à Tracadie !! Seules 6 y furent transférées. Ses femmes furent les protectrices, infirmières, confidentes des malades de Tracadie. A la fermeture du lazaret en 1965, elles s’étaient occupées de plus de 350 lépreux venant du monde entier sans qu’aucune d’elles ne contracte la lèpre…
Tracadie garda longtemps la réputation de la « ville des lépreux » et son économie en pâtit jusqu’à la parution du livre « les enfants de Lazare » en 1987. Depuis ce jour, Tracadie est honorée pour avoir accueilli et soigné les lépreux.
Pour notre dernière soirée Ghislain m’a fait une proposition étonnante
« on fait soirée cochonneries ? »
« euuuuuhhhhh c’est à dire ?? »
« on achète du Dixie Lee, de la liqueur et du chocolat »
« haaaaa oui oui oui Ghislain pas de problème haha ».
Comprenez fast food (Dixie Lee est une chaîne de restaurant acadienne, qui fait du poulet frit (genre KFC mais meilleur (c’est Ghislain qui le dit)) mais aussi des fruits de mer frits accompagnés de poutine (forcément), les liqueurs ce sont les sodas ici et les chocolats ben… du chocolat quoi).
Je quitte donc cette petite ville, cette magnifique maison et Ghislain. Je garderai en mémoire nos discussions enrichissantes, nos rires à cause de son français-anglais et nos échanges musicaux (la French Touch et Maître Gims sont arrivés en Acadie, mais on ne dira pas grâce à qui haha). Je n’aurai pas pu rêver plus meilleur (I GOT IT Ghislain !!!) comme premier volontariat !
Départ demain pour 1 semaine de road-trip avant de rejoindre la prochaine province…
Jadou au pays des caribous 